Maltraitance des enfants: chirurgien dentiste.....quoi faire!


 Maltraitance des enfants
enfant battu

Définition

Le syndrome de maltraitance de l'enfant regroupe, la maltraitance physique, psychologique, sexuelle et sociale infligé à l'enfant par une tierce personne. Violences et négligences à enfants ont existé de tout temps et sous toutes latitudes. De nombreux exemples jalonnent l'histoire de notre humanité comme c'est le cas de la célèbre cité de sparte ou les enfants handicapés étaient jetés dans le ravin du Taygète. 
Vers 1730 avant J-C, Hammourabi a énoncé déjà que « si un homme a eu commerce avec sa fille, il sera chassé de la ville »
Grace aux travaux de «  Ambroise Tardieu » en 1860 qui décrivait pour la première fois les mauvais traitements infligés aux mineurs, plusieurs lois  de  la protection de l'enfance ont vu le jour : loi du 24 juillet 1889 sur la déchéance paternelle, du 18 avril 1898 sur le délit spécial que constituent les sévices à enfants et du 28 juillet 1912 instituant les tribunaux pour enfants. 
En 1962, Silverman décrivait les manifestations radiologiques des traumatismes du squelette de l'enfant. Il en précisait toutes les caractéristiques et établissait leur valeur pathognomonique. Ainsi « le syndrome de Silverman » des enfants battus a été médicalement admis comme diagnostic. (
En 1989, La Convention Internationale Des Droits de L’enfants a défini un certain nombre de droits à la vie, à la santé, à l’éducation et au respect.
Ce problème touche les enfants de tous les âges et de tous les milieux. Le chirurgien-dentiste doit être sensibilisé à ce problème pour mieux le diagnostiquer devant une symptomatologie souvent diverse et peu spécifique. 


Examen d’un enfant battu :

La violence physique constitue la forme la mieux connue de la maltraitance et engendre un risque de séquelles physiques voire de décès 
L'enfant maltraité manifeste des signes indicateurs de négligence, il présente une dermatite de couche, un retard pondéral, anxiété et de multiples blessures de différents âges. L'atteinte de différents systèmes: peau, os, muscles et système nerveux central est en faveur de maltraitance physique. 
L’enfant battu triste, passif, apeuré, culpabilisé par ses tortionnaires (parfois autistes) , présente  des hypotrophies, avec un gros retard staturo-pondéral dû à un état de malnutrition  et de malpropreté . Son examen doit être effectué en dehors de toute présence parentale.(15)
Les lésions, surtout cutanées, sont localisées à la tête, aux régions lombaires et fessières, aux jambes. Par ordre de fréquence décroissante : on peut évoquer la face, puis le tronc, les lombes et le cuir chevelu.(
Lésions physiques :
-griffures d’ongles
-ecchymoses multiples d’âges différents et de formes différentes provoquées par des coups de pied par exemple , or il faudra donc bien prendre garde à ne pas confondre des ecchymoses d'enfants maltraités avec des ecchymoses dues à une pathologie de la coagulation (hémophilie, maladie de Willebrand), à un purpura plaquettaire (thrombopénies dans le cas d'une leucémie, thrombopathie due à une consommation d'aspirine par exemple), à un purpura rhumatoïde ou encore au syndrome d'Ehlers-Danlos.
-hématomes
-brulures : cigarettes, tisonnier, liquide caustique
-plaques d’alopécie par arrachage de touffes des cheveux….
-morsures : Chez un enfant, toute morsure doit être considérée comme intentionnelle jusqu'à preuve du contraire.

Lésions viscérales :
Rénales, hépatiques, spléniques, intestinales par fissuration, déchirement, rupture.
Les mécanismes responsables des lésions viscérales sont au nombre de trois :
- il peut s'agir, le plus souvent, d'un écrasement d'un organe plein entre l'agent traumatique (pied, poing, objet contondant) et la colonne vertébrale ou un plan dur.
- ailleurs, cette compression soudaine et violente de l'abdomen, lorsque le dos est appliqué sur une surface plane et inextensible, est de nature à provoquer un éclatement des organes creux digestifs.
- une décélération brutale (défenestration par exemple) peut entraîner un arrachement des pédicules vasculaires alimentant les organes abdominaux ou à provoquer une rupture des vaisseaux cave et mésentériques.
Lésions vasculaires :
Hémorragies méningées (nourrisson), hématomes extraduraux et sous duraux.
Lésions neurologiques :
Troubles de conscience, syndromes convulsifs…
Lésions de la sphère buccale :
Les agresseurs se focalisent essentiellement sur ces régions, en effet la bouche représente un fort symbole de communication, de nutrition et d’érotisme.
Le chirurgien-dentiste doit être conscient de sa place primordiale puisqu’il est l’un des premiers à entrer en contact avec ces enfants maltraités. Il doit donc avoir des connaissances précises de ces lésions 
Cliniquement, au niveau buccal, les tissus mous concernés sont par ordre décroissant : les joues, les lèvres, la langue et le voile : contusions labiales, lacérations, brûlures, érosions des commissures, rupture du frein labial (alimentation forcée, fellation forcée) 
Les tissus durs concernés sont par ordre décroissant : les dents, les os alvéolaires, les maxillaires, les malaires 

 Lésions osseuses :
Un examen radiologique attentif du squelette révèle la coexistence de fractures isolées, non systématisées et d’âges différents consolidées en position vicieuse.
Ce syndrome polyfracturaire a été décrit par Silverman en 1957

Rôle du chirurgien-dentiste :

Le rôle du chirurgien-dentiste est de  dépister,  signaler aux autorités compétentes et d'adresser l'enfant aux structures de prises en charge officielles.
 L'entretien d'évaluation :
Le diagnostic de maltraitance physique n'est pas toujours facile, en effet la limite entre maltraitance et punition parentale sévère est mal définie 

C'est donc une analyse rigoureuse de la situation qui permettra de réunir un faisceau d'arguments en faveur d'un diagnostic de maltraitance en l'absence de preuve ou d'aveu, que le chirurgien-dentiste n'a d'ailleurs pas pour rôle de chercher à obtenir.





 L'entretien avec l'enfant :

En cas de suspicion de maltraitance à cause d'un aspect de l'enfant évocateur et/ou de lésions cliniques associées spécifiques de la maltraitance, le chirurgien-dentiste devra s'entretenir avec l'enfant seul.
 Il faut mettre l'enfant en confiance, éviter les suggestions de faits mais lui demander simplement de dire sa version des événements et si l'enfant refuse de parler, il ne faut pas insister (site1). Poser des questions ouvertes directes du type :
« Qu'est-ce qui t'est arrivé? » ou « Comment cela s'est-il passé? ». 

 L'entretien avec les parents :

C'est une étape essentielle de la démarche diagnostique. Dans un premier temps, on cherchera à leur faire préciser l'origine des lésions de l'enfant.

 Il est important d'insister sur le fait que cet entretien avec les parents n'a pas pour but de leur faire avouer qui a pu maltraiter l'enfant mais de réunir les éléments nécessaires pour savoir si les lésions sont accidentelles ou non. Ce n'est pas au dentiste de faire la preuve des événements ; son rôle dans ces situations doit se limiter au signalement aux autorités compétentes.

 Il faut aborder avec les parents dans quel contexte est né cet enfant, s'il y a eu par la suite des séparations, des hospitalisations et il faudra parler du quotidien avec l'enfant. Très souvent à partir de cet entretien, les parents arrivent à définir la place de l'enfant dans la cellule familiale, comment il y est perçu. Ils peuvent aussi livrer leurs problèmes, leurs désillusions devant un enfant difficile qui semble les pousser à bout. De la même façon, il faudra aborder avec eux leur situation sociale, de logement, de travail et leur situation familiale.

Le signalement et certificat médical initial :
.
 Le signalement :

Devant des  lésions physiques ou psychologiques évocatrices de la maltraitance et /ou présence d’un danger sur l’enfant et après entretien avec l'enfant et les parents pour tenter d'évaluer la situation, le chirurgien-dentiste doit informer les autorités compétentes.

Tous les éléments qui peuvent constituer une présomption ou une constatation de sévices doivent être relatés sans que l'auteur soit tenu d'en apporter la preuve.

 Le certificat médical initial:

L'examen d'un enfant maltraité ou suspect de l'être doit s'achever par la rédaction d'un certificat de constatations médicales initiales.  La rédaction de ce certificat réclame une grande rigueur car il est susceptible d'être produit en justice. Le certificat doit être purement descriptif et le chirurgien-dentiste doit prendre garde à ne pas prendre parti dans des conflits familiaux autour de l'enfant.
Il peut éventuellement prendre des radiographies et/ou des photographies des lésions, si cela est possible, ou des examens complémentaires. Au moment de l’expertise, très souvent les lésions corporelles ont disparu et parfois seuls les examens  (photographies, certificat, empreintes…) permettent à posteriori de poser le diagnostic. 






















Enregistrer un commentaire

0 Commentaires